Anastasia emikh

Le stade du miroir et son rôle dans la formation de la psyché individuelle.

"Le stade du miroir" est un terme inventé par Jacques Lacan au milieu du siècle dernier. Cette phase joue un rôle crucial dans le développement de l'individu.
"Le stade du miroir" est une étape qui dure environ un an, de 6 mois à 18 mois, et concerne tous les enfants, indépendamment de leur sexe. Henri Wallon, le créateur de ce terme, a été le premier psychologue à souligner l'importance du miroir dans la construction psychologique de l'enfant, qu'il a développée dans son livre "Les origines du caractère chez l'enfant".
Selon lui, l'image externe du miroir est utilisée par l'enfant pour unifier son propre corps. Ce processus se déroule entre 6 et 12 mois, dans la "phase émotionnelle" décrite dans la théorie de Wallon. Cet auteur a également décrit le comportement de l'enfant devant son image réfléchie et son environnement immédiat, en particulier sa mère.
Selon Lacan, la phase du miroir est une étape fondamentale dans la formation de l'être humain. Du point de vue de l'évolution de la structure psychique de chaque individu, c'est un moment fondamental analysé dans la formation du premier brouillon du moi.
Le stade du miroir est le moment de "l'individualisation du sujet dans le miroir". Jusqu'à présent, l'enfant vit dans une fusion de soi avec l'autre. L'image du corps s'est formée dans le "filet de sécurité linguistique" formé par la mère. Cette phase coïncide dans le temps avec la phase orale du développement et donc, d'abord, l'enfant vit dans la confusion entre soi et l'autre. Ensuite, devant le miroir, il ne voit qu'une image, autrement dit ce qui est dans le miroir n'est pas réel. Enfin, dans un troisième moment décisif, l'enfant reconnaît l'image dans le miroir comme la sienne ; de la même manière, il comprend que l'image de sa mère à côté de lui est une image de sa mère séparée de lui. C'est ici qu'a lieu l'unification et l'identification initiale avec la réflexion, avec l'image de la figure reconnue par l'autre. C'est un moment décisif pour l'enfant, qui acquiert pour la première fois son identité, en percevant l'image intégrale de son corps, qui précédera le sentiment d'unité de sa personnalité.
Lacan dans son texte éclaire ce qui se passe avec l'enfant sur le plan psychique pendant cette expérience :
  1. d'abord, du côté de l'enfant, il y a une "anticipation imaginaire", car, n'ayant pas encore atteint la maturité neurologique ou la coordination motrice, il n'a pas encore le contrôle de son corps, mais il a néanmoins la capacité, dans son imagination, de fusionner son propre corps.
  2. d'autre part, cela devient possible grâce à la présence de sa mère à côté de lui : s'il était seul, il risquerait de se perdre dans le miroir. Ici, sa mère le tient, lui parle, l'appelle par son nom, son prénom, qu'elle répète, grâce à quoi se forme le premier signifiant auquel l'enfant s'identifiera. Ainsi, cette apparition, cette identification initiale ne devient possible que grâce à la présence de la mère, de ce "Grand Autre Premier" dans lequel l'enfant se reconnaît.
  3. enfin, la reconnaissance par l'enfant de son image entraîne un "jubilé" : celui qui jusqu'à présent se percevait comme un "corps fragmenté" incarnera désormais l'image d'un corps unifié, et le jubilé souligné montre que de son côté il y a une investissement libidinal.
L'expérience du miroir soulève plusieurs questions sur le développement psychique et libidinal de l'enfant, ainsi que sur son destin ultérieur. Elle permet à l'enfant de percevoir les corps des autres personnes comme différents du sien propre. Maintenant, en les comparant, il verra qu'à l'endroit des organes génitaux, certains ont quelque chose et d'autres n'ont rien. Ainsi, il sera obligé de se poser des questions sur cette différence anatomique et, par conséquent, pourra aborder le complexe d'Œdipe. De plus, pour l'enfant, cela ouvre la possibilité de sortir de la fusion avec sa mère, dans laquelle il vivait jusqu'à présent, et grâce à cela, la période œdipienne peut commencer pour lui. Ce moment deviendra le point de départ de toutes les opérations symboliques que l'enfant devra accomplir dans la période œdipienne.

Littérature:

  1. Vallon A., L'origine du caractère chez l'enfant. Préludes au sens de la personnalité / Vallon A., Paris, PPU, vol. "Quadriga Psychologica, éd. depuis 1983 (ISBN 2-13-038093-X). c. 233
  2. Lacan J. Le stade du miroir comme formateur de la fonction du Je / J.Lacan. Ecrits I. Ed. du Seuil. 1966. pp. 89-97
  3. Dolto F., L'image inconsciente du corps (1984).